Logement. Pour avoir privilégié le remboursement de ses créanciers plutôt que de payer son loyer HLM, un accidenté de travail est menacé d'expulsion.

Publié le par Alain Laurens

Les Huissiers alourdissent le handicap
Tout a basculé le 1er avril 1988 date à laquelle Monsieur P. charpentier sera victime d’un terrible accident du travail.

Des dégâts irrémédiables marqueront son squelette. Depuis cette date il supporte ce corps meurtri et a beaucoup de mal à remplir les tâches de la vie courante. Une auxiliaire de vie lui porte d’ailleurs assistance afin de le libérer de ces contraintes du quotidien.

C’est dans ce contexte pénible que vient de lui parvenir une lettre recommandée produite par un huissier de justice. L’homme de loi est mandaté par l’office Hm qui réclame un arriéré de loyer de 53 mois. Si l’on en croît le document, l’huissier sera accompagné de la force publique pour,  le 3 juillet procéder à l’expulsion du domicile. Rien de moins.

Une situation aussi choquante qu’ubuesque qui a fait bondir le conseiller général du canton Jean-Michel Suau mais également les associations comme la CNL ou encore le comité de défense contre le chômage. Pour tous, il n’est pas question de voir Monsieur. P. poser ses meubles devant la porte de son appartement.

53 mensualités de retard sans mot dire

Certes ce dernier, pris dans une tourmente qui semble le dépasser, fait bonne figure « j’ai déjà des cheveux blancs, un peu plus ou un peu moins, ce n’est pas ce qui changera ma vie » commente-t-il dans un souffle.

Derrière ce fatalisme résigné se cache une angoisse dont le presque septuagénaire ne veut rien montrer.

Mais comment en est ton arrivé à accumuler une somme aussi colossale -près de quatorze mille euros (sic)- sans qu’aucun service de l’office n’ait tiré bien en amont le signal d’alarme ? On ne peut que rester perplexe devant une telle fuite en avant et des raisons qui en sont à l’origine. Certes Monsieur P. a trop écouté de gens de mauvais conseil. Actuellement monsieur P. est endetté jusqu’au cou auprès d’organismes de crédits dont on connaît la voracité. Mais il ne peut être tenu pour totalement responsable d’une situation qui aujourd’hui le dépasse.

Et que dire du refus par deux fois réitérés  de l’Opac Hlm de percevoir de nouveaux versements en signe de bonne volonté ? D’évidence on veut en finir avec le dossier de Monsieur P. Et il ne serait pas le seul puisque cinq autres dossiers d’expulsion pilotés par l’Opac seraient appelés à être traités manu militari dans les jours à venir.

Monsieur P. n’est pas tout seul. Jean-Michel Suau en tête et ceux qui ont décidé de le soutenir n’envisagent pas d’en rester là « je n’accepterai  jamais qu’on jette à la rue une personne handicapée accidentée d travail » martèle du poing sur la table le vice président du Conseil général. D’autant plus que Monsieur P. n’est pas sans ressources . Ceux qui le soutiennent veulent donc disposer de temps afin de monter un solide dossier de sur endettement et surtout permettre à Monsieur P. de demeurer dans un appartement qu’il occupe depuis son accident.

L’élu communiste appelle par ailleurs les familles qui se trouvent dans une même situation d’expulsion prononcée de prendre contact avec ses services afin de sortir par le haut de cette détestable situation. Comment l’office Hlm envisage-t-il de récupérer la somme que Monsieur P. lui doit après l’expulsion ? A moins que l’office ait décidé de tirer un trait sur la somme et de faire de ce dossier un exemple. Mauvaise pioche.

Un réseau de soutien a déjà prévu qu’il sera présent à la première heure le 3 juillet pour s’opposer à l’expulsion d’un handicapé du travail.

D’évidence chacun aurait intérêt, Opac en tête, de sortir du conflit par une autre issue que celle de la force publique.

Alain LAURENS - La Marseillaise - Mardi 1er Juillet 2008

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