Social. Les salariés de l'usine de conditionnement de volailles de St Jean du Pin sont inquiets. Leur entreprise est en cessation de paiement.

Publié le par Laurens Alain

Établissements Bonny : poulet au vinaigre

Dans les usines Bonny de St Jean du Pin, les comptes ne sont pas bons. Ils sont tellement au rouge que la direction a choisi de se déclarer en cessation de paiement la semaine dernière.

C’est Monsieur Bonny, qui a créé cette entreprise à St Jean du Pin en 1954. Autour de lui, il avait su fédérer les producteurs locaux et avait mis sur le devant de la scène un label « poulet cévenol » garant de qualité.

En 1998, atteint par l’âge Monsieur Bonny passait la main à la firme bretonne Unicopa. A la suite d’une restructuration industrielle, Unicopa se rapprochait du groupe Terrena et de sa filiale Gastronome. La marque choisissait en 2002 de stopper la chaîne d’abattage des poulets à St Jean du Pin. Les effectifs chutaient et d’évidence, l’avenir ne pouvait que s’assombrir pour l’usine Bonny. Alimentée en volaille venue de Bretagne, l’usine devait se limiter au découpage puis au conditionnement de la marchandise. C’est en 2003 que le découpage de la dinde sera retiré des mains des salariés de Bonny. Le découpage du poulet connaîtra le même sort en 2006. Bonny est alors réduite au simple conditionnement.

 

Des tarifs en hausse de 25%

Cette lente et imperturbable marche vers le néant, les salariés de Bonny en mesurent les conséquences. Les chiffres des commandes sont au plus bas et l’entreprise est en cessation de paiement.

C’est une récente forte augmentation des tarifs de l’ordre de 25% qui a fait plonger le carnet de commandes. « C’est Govadis, notre réseau de distribution qui a demandé cette augmentation pour faire face au déficit » disent les délégués syndicaux de l’entreprise qui fait partie d’un réseau entièrement regroupé sous une même nébuleuse où l’on croise à la fois clients et fournisseurs. Le piège s’est donc refermé sur le poulet Bonny et ses salariés.

Selon leurs dires, ils ne travaillent actuellement qu’à 50% de leur potentiel. Non qu’ils ne veulent pas travailler, mais les commandes manquent et les fournisseurs commencent à se méfier. En été, période de forte activité, on n’a pas fait appel à la main d’œuvre saisonnière ordinairement appelée en renfort pour faire face à l’accroissement de la charge de travail. Une première lourde de sens.

Beaucoup pensent déjà que si Bonny est dans une telle situation, c’est que la décision a été mûrement  préparée à l’avance.

William Dumas député, venu hier matin rencontrer les salariés en compagnie de Jean-Michel Suau, conseiller général et Eric Maubernard, maire de St Jean du Pin, ensemble persuadé que « sans chaîne d’abattage Bonny coincé entre une plate-forme à Condom et une autre dans la Drôme, n’a aucune chance de survivre en se livrant au seul conditionnement. Je ne vois pas un repreneur s’y risquer. Surtout en ce moment ».

Les élus ont décidé de se tourner vers le Préfet et Sous-Préfet pour les saisir d’une affaire économique qui met en péril l’avenir professionnel de cinquante salariés. Le temps presse.


La Marseillaise - Alain Laurens - Vendredi 31 Octobre 2008 

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